Cette question du bas carbone, nous l’avons abordée longuement avec Marc Series et Emmanuelle Patte, en réfléchissant, ensemble, aux critères du classement des agences et bureaux d’études engagés pour une architecture bas carbone, afin d’essayer de simplifier les critères, pour nous, comme pour vous lors des inscriptions, tout en essayant de rester le plus objectif et précis possible. Ce qui a découlé de nos échanges, c’est déjà bien sûr la complexité pour définir cette notion, qui est très souvent galvaudée et critiquée. Nous nous sommes même demandé si c’était la bonne terminologie. « Le mot carbone est porteur. Mais comme la HQE en son temps, comme le développement durable, dès lors qu’un terme à du succès, il est toujours dévoyé ». Alors nous nous sommes dit qu’il sera primordial de définir cette notion, en introduction. 

La complexité de ce travail se trouve dans l’analyse de tous les composants à prendre en compte pour que la démarche du classement soit cohérente – honnêtement, nous avons même requestionné cette forme de « classement » compétitif ! Parce que la notion de carbone n’est pas seulement quantitative, bien que l’on en parle souvent sous différentes formes très liées au calcul : l’empreinte carbone, la neutralité carbone, les crédits carbone . Pourtant, la question des émissions de carbone et autre gaz à effet de serre est primordiale puisqu’elle est une des causes du réchauffement climatique. 

Pour nous, ce terme implique une démarche plus globale et nous voulions prendre en compte des critères moins quantifiables, parler d’une vision holistique, multicritères. Cela impliquait d’intégrer des notions comme le temps, la fierté sur un chantier, la transmission d’un geste et d’un savoir-faire, la maintenance d’un ouvrage ou sa réhabilitation, la durabilité d’une matière qui se patine au lieu de s’user, la beauté d’un espace qui donne envie à l’habitant d’en prendre soin… « Tout calcul fait, toute précaution prise, le mur tiendra debout par le fait d’être aimé », l’assure Yves Perret. Y sommes-nous parvenus ? Ce travail n’est évidemment pas parfait au vu de la complexité du sujet. Même en essayant d’intégrer ces notions, il fallut bien, in fine, vous classer : transformer des dires en chiffres, moyenner vos données, pour bien les aligner… Notre questionnaire avait des manquements, en premier lieu car il est purement déclaratif. Il manquait aussi des notions liées à l’eau ou à la biodiversité. Même si notre démarche tend à donner plus de poids aux valeurs vérifiables, les principes constructifs demandés étaient ceux majoritairement présents (j’ose imaginer que certains ont volontairement fait abstraction d’un peu de béton, d’acier ou de verre), la quantité de bois apparent n’était pas quantifiée, ou encore la démarche de réemploi, et vous ne pouviez nous présenter que cinq projets. 

Mais notons aussi toutes les bonnes idées qui se cachent dans cet excellent tableau : la réhabilitation était hautement valorisée, les démarches « innovantes » – paille porteuse, terre crue, bois peu transformé – étaient mises en valeur, tout comme vos attentions liées à l’énergie. Bois local, démarches de réemploi ou d’expérimentation, chantiers ouverts, participatifs, école : tout était compté ! Mais ce qui compte vraiment, finalement, ce n’est pas tellement votre moyenne, ou votre rang final, c’est d’avoir fait la démarche de vous inscrire, de réfléchir à toutes ces questions pour vous les poser à nouveau dans tous vos futurs projets !