Construction bois et sécurité incendie - Regard international

Rédigé par Sarah ADOR
Publié le 18/01/2022

Dossier réalisé par Sarah ADOR
Dossier publié dans le Séquences Bois n°134 Face à la nécessité et au désir d’utiliser davantage de bois dans la construction, comment le reste du monde compose-t-il avec le risque incendie associé ? Les travaux de recherche internationaux présentés lors de Woodrise 2021, ainsi que l’inspirant exemple du Sara Cultural Centre, récemment livré à Skellefteå (Suède) offrent un peu de recul sur la situation française.

R&D INTERNATIONALE : DES TECHNOLOGIES AU SERVICE DES AMBIANCES

Organisé à Kyoto en octobre, l’édition 2021 du congrès Woodrise, dédié au développement international des immeubles bois, a rassemblé de nombreux spécialistes autour des enjeux techniques de la construction de moyenne et grande hauteur. Ingénieur construction et expert feu à FCBA, Grégoire Pianet restituait récemment le contenu présenté lors de l’atelier « Sécurité incendie ». L’état des recherches et développements semble témoigner de deux postures architecturales distinctes face au matériau : une première liée à un souhait de changer massivement les processus de construction, avec des matériaux qui stockent le carbone, qui implique de miser sur un maximum d’éléments de structure en bois – quitte à ce que le matériau ne soit pas visible ; et une seconde plus attachée à la qualité des ambiances, acceptant peut-être davantage la mixité avec le béton ou l’acier en structure, qui autorise davantage de bois apparent. Le Canada semble s’être résolu à la première option, validant actuellement des tests sur des solutions où les structures bois sont presque entièrement calfeutrées, en complément d’un sprinklage intégral. Au Japon, il s’agit au contraire de développer des solutions constructives où le bois est conservé apparent, au moyen de systèmes multicouches. Deux types de profils en lamellé-collé ont ainsi été mis au point par la société Takenaka, résistant respectivement 1 h et 2 h au feu. […]

SARA CULTURAL CENTRE : DES EFFETS PERCEPTIBLES D’UNE AUTRE CULTURE DU RISQUE

Le complexe culturel et hôtelier de Skellefteå (Suède) a de quoi rendre les Français jaloux. Non pas qu’ils soient moins bons concepteurs, mais plutôt parce que la réglementation incendie en vigueur ne permettrait pas la réalisation d’un projet comportant une aussi forte proportion de bois, qui plus est presque entièrement apparent. Il faut avouer que cette omniprésence du matériau ligneux donne un cachet bien particulier et chaleureux à cette tour lapone. Parce qu’elle est basée sur d’autres principes que la réglementation française, la réglementation suédoise permet ainsi la création d’un « environnement bois » que nous ne pouvons nous permettre d’imaginer, illustrant à quel point le choix d’un référentiel théorique a des incidences architecturales très concrètes. Il faut mentionner que l’agence White Arkitekter n’est pas amatrice en la matière, elle qui s’est engagée à ne réaliser que des bâtiments neutres en carbone d’ici 2030. Celui-ci est l’un des premiers livrés, séquestrant davantage de carbone que sa fabrication en a émis, et que son utilisation engendrera – bilan carbone détaillé à l’appui. Cela s’explique par la forte proportion de bois massif employé, permettant un important stockage de carbone, et par une production énergétique autoconsommée. Le bilan a également été optimisé par le fait que le bois est local et que les industries qui l’ont transformé sont situées à moins de 50 km du chantier. […]

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Images 1 et 2 : Sara Cultural Centre de Skellefteå (Suède) - White Arkitekter
Image 3 : À gauche : Projet Ligna Alta - Takenaka Corporation / En haut : Poteaux-poutres mélèze résistant 1h au feu du centre commercial Southwood - Yukiharu Takematsu / En bas à gauche : Lamellé-collé résistant 2h développé par Takenaka - Sugi, plâtre et mélèze / En bas à droite : Poteaux bois résistant 2h dans le bâtiment de formation Takuma Shinkan à Hyogo - Takenaka Corporation

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