GRANDS PROJETS : La place du bois dans les JO 2024 se précise

Rédigé par Sarah ADOR
Publié le 01/09/2020

Article paru dans Séquences Bois n°127

Depuis le lancement des préparatifs en janvier 2018, un tiers du temps imparti s’est déjà écoulé. Cette intense période de réflexion a permis de préciser la place que tiendra le matériau bois dans ce projet d’envergure, dont l’héritage profitera notamment au développement des communes de Saint Denis, Saint Ouen, L’Ile Saint Denis, Dugny, La Courneuve et Le Bourget. D’après la SOLIDEO, les constructions dédiées à ces Jeux incarneront « ce que nous savons faire de mieux avec le bois de manière sérielle et sur un temps très court ».

Depuis le départ, trois axes structurent le projet urbain et architectural général : un objectif de neutralité carbone pour 2050, une prise en compte du changement climatique en milieu urbain, et un objectif de développement de la biodiversité. En vue d’un bilan carbone minimisé, la SOLIDEO (Société de livraison des ouvrages olympiques) s’était engagée à ce que les bâtiments de moins de vingt-huit mètres soient tous construits en structure bois, tandis que les plus hauts se prêteraient au jeu dans la plus grande mesure possible. S’ils sont orchestrés par la SOLIDEO, les travaux liés aux Jeux Olympiques sont en réalité portés par 29 maîtres d’ouvrages publics et privés, engagés sur non moins de 58 projets. Les 80 hectares des ZAC « Village Olympique et Paralympique » et « Cluster des médias » sont sous la maîtrise d’ouvrage directe de la SOLIDEO. Aujourd’hui, alors que la phase de développement est achevée et que la phase de travaux a commencé avec les opérations de terrassement et de dépollution, 50% des permis de construire ont été déposés, et les projets seront tous entrés en chantier d’ici fin juin prochain. La morphologie et la composition matérielle des bâtiments commence donc à se faire plus précise, laissant voir que, partie d’un engagement très ambitieux en faveur des filières biosourcées, la SOLIDEO est aujourd’hui contrainte d’adapter le projet à la réalité du terrain, aux limites du budget et du temps donné, mais aussi aux capacités des entreprises. Directeur de la stratégie et de l'innovation de la SOLIDEO, Antoine du Souich explique qu’ « il fallait trouver des lauréats qui s’engagent à la fois sur le délai, le programme et financent les charges foncières ». 

C’est ainsi que les bâtiments de moins de 28 mètre seront effectivement construits en structure bois, mais qu’au-delà de cette hauteur, il est désormais certain que les structures seront construites en béton. Si dès juillet 2018, ADIVbois avait réuni un groupe de travail afin de pallier l’absence de règles de sécurité incendie relatives à la construction des ouvrages en bois de plus de 28 mètres, le guide provisoire publié en 2020 n’a pas suffi à orienter les choses différemment, essentiellement faute de temps et de budget. « Il faut analyser le Village Olympique à l’aune de contraintes temporelles extrêmes », explique la SOLIDEO, tenant à préciser que les exemples inspirants de Strasbourg et de Bordeaux ont bénéficié d’un temps d’études beaucoup plus long que celui dont disposent les acteurs des JO 2024. Par ailleurs, dans l’opération Sensations réalisée par KOZ, les cages d’ascenseur fièrement réalisées en CLT ont en réalité été doublées en plâtre, nécessitant donc l’ajout de rails métalliques, ce qui s’avère relativement contre-productif. En effet, les règles incendie semblent encore trop contraignantes pour les édifices de moyenne à grande hauteur. Le travail d’ADIVbois n’a pu mettre en lumière que des solutions génératrices de surcoûts : doubler les structures bois en plâtre, prévoir des sprinklers (entraînant un risque de détérioration définitive), augmenter le nombre de visites périodiques, ajouter des ferme-portes,… Par ailleurs, il faut rappeler que les 51 hectares du Village Olympique, qui accueilleront plus de 15 000 sportifs et leurs accompagnateurs, seront transformés à l’issue des compétitions en un quartier pérenne, qui se devra d’accueillir 6 000 habitants et autant de travailleurs. Cette dimension évolutive, écologique par principe, est paradoxalement le nœud principal du problème, la réglementation incendie s’avérant pour le moment défavorable à ce genre de dispositions. En effet, si l’usage du bois structurel avait été maintenu pour les plus hautes constructions, les locaux utilisés comme logements durant les quatre semaines de Jeux, transformés à terme en bureaux, auraient dû voir leurs structures bois temporairement doublées de plâtre, non-sens à la fois économique et écologique. L’ajout de sprinklers aurait également alourdi les charges locatives des logements. 

Grâce à la présence d’un certain nombre de bâtiments de moins de 28 mètres, et à l’utilisation de façades à ossature bois dans une partie des bâtiments en béton, la SOLIDEO annonce que le volume de bois utilisé devrait tout de même dépasser les 30 000 m3 (ce qui équivaut à la séquestration d’environ autant de tonnes de carbone).  [...]

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