ENTRETIEN CROISÉ avec Romain Minod & Cyrille Hanappe

Rédigé par Sarah ADOR
Publié le 23/06/2020

Article paru dans Séquences Bois n°126

Engagement solidaire, pratiques participatives et potentiel du matériau bois

Romain Minod est le co-directeur de l’association Quatorze et préside le fonds coopératif Weco Invest. Fondée en 2007, cette association pluridisciplinaire s’est donnée pour mission de participer au « développement et à la promotion, dans un cadre expérimental, d’architecture sociale et solidaire pour des territoires agiles et résilients », en recourant à la co-conception et en mobilisant des compétences complémentaires au métier d’architecte. Elle est composée d’une équipe salariée et indépendante d’une dizaine de personnes, et fonctionne en écosystème avec d’autres structures telles que la coopérative d’architecture Quidam et les coopératives immobilières Weco.

Cyrille Hanappe est le co-fondateur de l’association Actes & Cités et le co-dirigeant de l’agence AIR architecture. Dans sa charte, l’association définit la nature de son engagement « pour la dignité des personnes dans leur cadre de vie en France et dans le monde »  par « l’amélioration des cadres et des conditions de vie précaires, indignes et/ou à risques sous toutes leurs formes, […] par la recherche, l’analyse, le diagnostic, la représentation, la compréhension, la qualification avant l’action ». Egalement enseignant en master et directeur pédagogique du DSA Risques Majeurs à l’ENSA de Paris Belleville, il travaille avec une pédagogie de recherche-action, et a récemment dirigé la publication du livre « La ville accueillante ».

[Extrait de l'entretien]
Vous êtes architectes de formation mais vous travaillez tous deux de manière alternative. Quels types de missions assurez-vous au sein de vos associations respectives ?

R.M. Nous travaillions au départ sur de la maîtrise d’œuvre, comprise comme conception, mais aussi comme construction. Nous avons ces compétences en interne, ce qui nous permet de travailler à des échelles qui vont du mobilier à l’aménagement d’espaces publics de type préfiguration, mais aussi pérennes. Au fil des années, nous nous sommes rendus compte que ces compétences n’étaient pas suffisantes pour mener les projets que nous avions envie de mener, en l’occurrence sur des territoires où la commande architecturale et urbaine n’existait pas, et notamment dans des situations qui sont en dehors du cadre légal. Nous avons donc développé des compétences d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO), pour accompagner les pouvoirs publics et les institutions à l’agilité dans le management de leurs équipes, c’est-à-dire à faire émerger les besoins de la part des citoyens plutôt que d’imposer une vision verticale. Nous nous sommes également intéressés à ce statut dans la mesure où la plupart des projets que nous montons n’ont pas de commanditaires, c’est-à-dire que nous faisons émerger la commande. Nous prenons le rôle de maîtres d’ouvrage pendant la phase d’investissement, et pas forcément pendant la phase de fonctionnement : au moment de la livraison, nous transmettons l’objet livré à une association, un collectif ou un territoire, et continuons à les accompagner en AMO si besoin. Nous avons donc toutes ces compétences liées à l’acte de bâtir, qui normalement sont séquencées, notamment par rapport à la question assurantielle et à la loi Spinetta sur le découplage entre la promotion immobilière, la maîtrise d’œuvre, la maîtrise d’ouvrage et l’entreprise de fabrication.

C.H. En parallèle du travail que nous menons avec l’agence AIR Architecture, nous avons fondé l’association Actes & Cité, qui œuvre en étroite relation avec les étudiants de l’ENSA Paris-Belleville, où je suis directeur pédagogique du Diplôme de Spécialisation et d’Approfondissement (DSA) Risques Majeurs, avec lequel nous travaillons depuis trois ans dans les bidonvilles de Mayotte. Je suis également enseignant en master, où nous travaillons plutôt en métropole : nous avons œuvré deux ans de suite à Marseille après avoir travaillé dans le camp de réfugiés de Grande-Synthe, dans la jungle de Calais, et cette année nous réfléchissons avec un objectif un peu plus large sur la Seine-Saint-Denis. Il y a quelque chose à l’articulation de tout cela que l’on appelle la pédagogie recherche-action, qui consiste à aller avec les étudiants sur le terrain, à la fois pour faire des relevés, et quand cela semble nécessaire ou qu’il y a une demande, pour construire un petit équipement.
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