Rédigé par Sarah ADOR Publié le 20/11/2020 |
Pionniers d’une approche alternative de l’accompagnement des personnes atteintes du cancer, les Maggie’s Cancer Care Centers expérimentent le potentiel thérapeutique de nos milieux de vie, et en cela, de l’architecture et du paysage. Pour concevoir le 26e de ces centres, livré à Leeds à l’été 2020, Heatherwick Studio a recouru à la douce teinte de l’épicéa et aux luxuriantes plantes du Yorkshire pour créer un lieu chaleureux, organique et lumineux, aux pieds du plus grand hôpital universitaire d’Europe.
Défenseure d’une approche holistique
du soin, Maggie’s est une organisation caritative indépendante consacrée à l’accompagnement
des personnes atteintes du cancer, sous une forme complémentaire à la thérapie médicale.
Créée à l’initiative de la jardinière et écrivaine Maggie Keswick Jencks,
l’organisation dispense des conseils pratiques, œuvre au soutien psychologique,
au bien-être physique et émotionnel des patients, et stimule le partage
d’expériences dans des centres dédiés où l’architecture se veut aussi soignée
que soignante. Convaincue que les patients méritent le meilleur de
l’ingéniosité et de la créativité humaines, souhaitant que chaque centre soit
unique et remarquable - « les Maggies’s
doivent briller comme un phare d'espoir » -, l’organisation a invité
les architectes les plus renommés du monde à se prêter à l’exercice, dont Frank
Gehry, Richard Rogers, Zaha Hadid, OMA, Snoehetta, et Norman Foster, qui a
livré en 2016 un bâtiment en structure bois dans la ville de Manchester. Disparue
des suites de sa maladie avant l’inauguration du premier établissement, livré
en 1996 à Edimbourg (Ecosse, UK), celle qui fut aussi designer et épouse du
critique d’architecture Charles Jencks avait fait de la qualité spatiale son
sujet de recherche personnel, soucieuse de léguer les leçons architecturales qu’elle
tirait de sa propre expérience, de ses propres besoins, et de ses propres
manques et difficultés. « Nous
devons remettre en cause toutes les caractéristiques désespérantes de l’hôpital
: les portes fermées qui semblent cacher des secrets, les couloirs
interminables, la signalétique omniprésente, la lumière artificielle »,
préconisait-elle, exprimant qu’il était essentiel, au contraire, de créer des
lieux paisibles, calmes, accueillants, confortables, en lien avec la nature et d’échelle
domestique, à l’antithèse des espaces génériques et aseptisés des lieux qu’elle
fut forcée de fréquenter durant sa thérapie, peuplés de matériaux et de
lumières synthétiques. De ce long travail de programmation est né un guide que
Maggie’s transmet aux architectes au début de chaque nouveau projet. Ce
programme précis met en lumière les détails qui participent à la qualité
spatiale et au caractère rassurant des lieux, avec des indications telles que « depuis cette pièce, il faudra que
l’on puisse voir l’herbe, les arbres, ou au minimum le ciel », ou
encore, « dans les sanitaires, l’espace devra être assez grand pour
accueillir une chaise et une étagère de livres, et être suffisamment isolé pour
que les patients puissent s’y réfugier pour pleurer ». Traduisant des
besoins sensibles en caractéristiques architecturales, elles esquissent la
description de lieux capables d’assurer un support émotionnel, mais aussi
d’influer positivement sur le comportement des visiteurs. « Les espaces doivent faciliter le dialogue
entre les visiteurs, et les faire se sentir moins seuls », préconise
le guide. Les chercheurs Angie Butterfield, de la Falmouth University, et Daryl
Martin, de l’Université de York, qualifient cet idéal spatial de « paysage
thérapeutique » (therapeutic
landscape, voir Gesler W. (1992), Curtis S. et al. (2007), et Williams A.
(2007)) et de « soignant silencieux » (silent carer).
S’il est aisé de faire
dialoguer l’architecture avec le paysage au milieu d’une forêt, au pied de
l’hôpital de Leeds, qui abrite un Centre de cancérologie où sont pris en charge
près de 9000 patients par an, le sujet était bien plus complexe. Dernier
morceau de verdure du site hospitalier, coincée entre deux routes, un parking, et
de massifs édifices, la pente herbeuse qui devait accueillir le projet accusait
six mètres de dénivelé, et un sol artificiel de mauvaise qualité, composé des
déblais de fondation du centre de cancérologie, et de gaz souterrain. Afin de
dialoguer avec la topographie existante en réduisant le besoin d‘excavation,
les architectes ont commencé par implanter le projet sur cinq niveaux de
plateforme en béton, au plus près de la pente naturelle. Pour planter
généreusement le haut de la parcelle, un soutènement en béton désactivé de 4,5
mètres a aussi dû être mis en œuvre.
[...]
Maître d'ouvrage : Maggie's
Maître d'œuvre : Heatherwick Studio
BET bois : Blumer-Lehmann AG (Suisse) + SJB Kempter Fitze AG (Suisse)
Entreprise bois : Blumer-Lehmann AG (Suisse)
Date de livraison : juin 2020
Surface : 460 m²
Volume de bois utile : nc
Lieu : Leeds, Royaume-Uni
Maitrise d’ouvrage : Paris Habitat OPH Maîtrise d’œuvre : Guillaume… [...] |
Maitrise d’ouvrage : Ville de Brive, Communauté d’agglomération de… [...] |
Maitrise d’ouvrage : Mairie d’YffiniacMaitrise d’œuvre : B.… [...] |
Maîtrise d’ouvrage : Communauté de communes lacs et gorges du Verdon, commune… [...] |
Maitrise d’ouvrage : Commmune de la Salle-les-Alpes (05)Maitrise d’œuvre : Iota… [...] |
Maitrise d’ouvrage : Morden CollegeMaitrise d’œuvre : Mæ BET structure… [...] |